Nouveau papa

Charles Péguy (1873-1914) écrit : « les parents sont les aventuriers du 20e siècle » , citation qui, pour ma part, est toujours d’actualité au 21ème siècle, puisque nous avons, ma femme et moi-même, commencé cette aventure le 8 juillet 2010 avec la naissance de notre enfant.

Aventure du quotidien, celle de découvrir, jour après jour, le miracle de la vie et ses merveilles. Il n’y a rien de plus intense que de partager un regard avec son fils lors d’un biberon, lors du change, ou à l’occasion du bain, ou encore simplement le serrer contre soi et le câliner pour calmer un chagrin !

L’expédition se démarre lors de l’accouchement : le passage de simple géniteur, au statut de père. Mais ce statut, j’ai le sentiment de ne pas l’avoir acquis encore à 100%. D’ailleurs, l’aurai-je complètement un jour ? Cependant, la fierté aidant, je voulais bien faire et avec l’attrait du nouveau, j’essaie d’impressionner Madame et le personnel soignant en faisant preuve d’initiative et n’hésitant pas à poser mes questions. Le changer, lui donner le biberon, le baigner, autant d’activités qui peuvent sembler rébarbatives mais qui sont vitales afin de créer des liens forts entre nous trois.

Une fois notre rythme de croisière atteint, fini le cabotage le long des côtes en suivant les autres navires. Nous sommes largués sur une mer (mère ?) inconnue : il est temps de rentrer chez nous en trio. Le retour à la maison se déroule bien, mais la première semaine est très éprouvante. Nous manquons de sommeil, et nous alternons les biberons, tantôt mon épouse lui donne, tantôt je lui donne, tout comme deux navigateurs s’échangerait la barre à tour de rôle.

Il devient aussi plus difficile de se faire à manger à heure fixe : notre petit bonhomme n’hésite pas à se manifester dès que nous mettons les pieds sous la table ! Il faut s’y faire : parfois il faut manger froid. Heureusement, la chaleur estivale encourage à faire salades, crudités et autres mets à déguster froid. Parfois et à tour de rôle, nous concoctons de bon petits plats à l’autre et profitons de quelques instants de répit pour partager un bon repas en tête à tête.

Nous avons également profité de manger au restaurant, tant qu’il est encore petit et peu exigeant. Une simple pizzeria, ou un steak-house familial, il faut déjà penser à emporter tout notre attirail. La poussette et la nacelle, le sac à langer, le biberon, un thermos d’eau chaude pour chauffer le biberon…Dans l’ensemble tout se passe bien, il dort tranquillement pendant que nous dégustons de bon petits plats. A quelques semaines de vie, c’est l’âge idéal pour faire encore quelques sorties, malgré la poussette qui gêne quelque peu le travail des serveurs, tout se déroule à merveille ! J’espère pouvoir encore faire quelques bons restos avec ma chérie !

Les déplacements se font d’ailleurs en général avec beaucoup de choses à emporter, et le grand break acquis il y a deux ans, dont je trouvais le coffre si spacieux à l’époque, devient subitement si…vite plein ! La responsabilité d’un bébé fait très vite lever le pied de l’accélérateur et incite à se montrer plus prudent et respectueux des limitations, d’autant plus que le vomi sur les sièges n’est pas toujours du plus bel effet, j’ai donc tendance à prendre des courbes avec un peu plus de décontraction ! Sans oublier le mystère de la fixation du siège auto, et les notices d’emploi d’une clarté pas toujours évidente…

Ayant eu l’opportunité de prendre quelques jours de vacances apportés au crédit de mon congé paternité, j’ai pu assister à loisir ma femme dans les premiers jours d’autonomie à la maison. Désormais de retour dans le monde professionnel, je retrouve avec impatience mon enfant le soir venu, après le travail, et je ne tarde pas à rentrer au plus vite pour ne rien manquer de l’évolution de mon petit bout. Car c’est vrai que les changements s’opèrent à grande vitesse ! Déjà 6 semaines et il esquisse ses premiers sourires ! Curieux du monde qui l’entoure, il n’hésite pas à redresser la tête lorsqu’il est sur le ventre et observe longuement le monde qui l’entoure !

Les nuits, bien qu’agitées, offrent un repos réparateur. Et si l’on souffre d’insomnie, faire un enfant doit être le meilleur remède, la fatigue aidant ! Je n’ai jamais dormi d’un sommeil aussi profond, malgré l’interphone qui se manifeste encore durant la nuit ! J’aide ma femme à préparer le biberon la semaine et lui laisse le soin de lui donner tandis que je retourne au lit. En revanche, les week-ends je m’occupe des biberons nocturnes afin de lui laisser un peu de répit en fin de semaine.

Parmi tous ces bouleversements, il  m’arrive parfois de me sentir dépassé, et de ne plus savoir quoi faire lorsqu’il pleure et que tout a été tenté pour le calmer. Si cela a tendance à mettre mes nerfs à dure épreuve, j’ai la chance de pouvoir compter sur mon épouse. Elle à bien plus de patience et d’aplomb que moi et pour cela je l’admire. Un soir que ma femme était sortie, il m’est même arrivé de regarder la télé, sous-titrages activés, bébé dans mes bras hurlant à cause de coliques, et tampons auriculaires dans mes oreilles pour atténuer le son ! Aujourd’hui j’en ris, mais sur le moment, je n’en menais pas large !

La paternité est réellement une aventure dure et exigeante, mais au combien gratifiante et enrichissante, tout comme les premiers explorateurs découvraient de nouveaux mondes, je découvre jour après jour mon fils. Je n’ai jamais rien partagé de tel auparavant et pouvoir me voir dans le regard de mon enfant est le plus beau cadeau que ma femme ne m’ait jamais fait !

David