Que sait le foetus!

Depuis 1930, le mystère de la vie intra utérine passionne les chercheurs , mais pas seulement! On a tous envie de remonter le temps et de se souvenir du giron maternel et de ses promesses. En effet, nous sommes tous d‘anciens bébés , et les traces du début de notre vie ont été refoulées. C’est-ce que les psychanalystes appellent l’amnésie infantile. Mais pouvons nous également parler d'une amnésie fœtale? 

De nombreuses études permettent encore la transformation de notre regard sur le fœtus, au niveau de ses compétences cognitives, affectives et sensorielles. Peut être cette curiosité est-elle le fruit de nos interrogations face à notre propre vie intra-utérine? 

Durant les trois premiers mois de grossesse , l’embryon se maintient en vie grâce aux hormones maternelles secrétées par les ovaires de la femme enceinte. En ce sens, mère et embryon sont imbriqués l’un et l’autre et sont donc fusionnels. Après 3 mois, le placenta sera suffisamment développé pour maintenir lui-même cette fonction et sépare donc les deux entités.. C’est là où l’embryon devient fœtus. C’est le moment de son «　 autonomisation　» tout en restant bien sûr très dépendant. 

Il y a une technique que j’aime utiliser et qui s‘avère souvent efficace, qui consiste à mettre en relation les symptômes des neufs premiers mois de vie du bébé avec la chronologie des neufs mois de grossesse. Par exemple, un nourrisson de trois mois qui développerait des pleurs incessants. Je recherche si, dans la vie des parents, il ne se serait pas passé un évènement perturbateur à trois mois de grossesse. Car le fœtus ressent et mémorise, grâce à tous ses sens mis en alerte qui s’affinent de plus en plus in utéro.

L’audition se développe entre 28 et 33 semaines mais attention! Les bruits sont portés par l’eau et non par l’air comme dans notre monde; ce qui attenue sensiblement la qualité du son. Il est bercé en permanence par le rythme cardiaque , la respiration , les gazouillis digestifs et la voix de celle qui le porte .Il entend également les voix externes du père, de la fratrie, bref du monde qui l’entoure. 

Concernant l’olfaction et le goût, ces deux fonctions s’activent l’une avec l’autre in utero. Elles sont hyper stimulées et le fœtus baigne dans le liquide amniotique comme dans une «　 soupe d’arômes et de saveurs　». C’est ainsi que ses préférences gustatives se construisent dès la vie prénatale. En effet, si vous voulez tester par vous-même, faites l’expérience de manger encore plus régulièrement durant votre grossesse une saveur spécifique ( ail, curry, poivre etc.). Vous verrez qu’à peine né, votre bébé préférera téter une tétine à ce goût initié durant sa vie utérine !

La vision est immature à la naissance et peu présente in utéro, même si le fœtus peut reconnaître des zones plus claires que d’autres . 

Les recherches confirment que le fœtus est capable d’apprendre. En effet, il se familiarise avec l’environnement qui l’entoure, à savoir les bruits, la musique etc. Par exemple, un bébé qui n’a pas été habitué aux sons du piano durant sa vie fœtale va réagir à l’écoute de ce nouveau bruit ( en pleurant, en s’arrêtant de téter etc..) alors qu’un autre qui a entendu le piano régulièrement depuis sa demeure utérine ne va pas réagir au moment venu. Il peut même continuer à dormir paisiblement malgré la haute fréquence sonore, à la différence du premier nourrisson qui se réveillera en hurlant. 

 Le nouveau-né distingue également la voix maternelle. Il reconnaît la chanson qu’elle chante, l’histoire qu’elle raconte. Il a même été prouvé que lorsqu’une mère parle à son enfant de choses importantes de son histoire, il est capable de réagir autant à sa pensée qu’à sa parole. 

Faut il pour autant suivre le rythme des "universités prénatales" comme celles aux Etats-Unis afin d’obtenir un bébé plus compétent? 

Les sursimulations sont une grande violence pour le bébé. Elles constituent une atteinte à sa liberté et à sa personnalité. De plus, elles sont dangereuses car elles entrainent un stress prénatal qui pourrait entraver au fonctionnement normal de l’enfant en engageant du stress prénatal et une passivité certaine.

Ces études permettent donc aux futurs parents d’accueillir le bébé dans la famille avec encore plus de connaissances sur ce petit « guetteur joyeux » ! 

 

écrit par Muriel Tahar, Psychologue de la Clinique et du Développement, www.mapsychologie.com