«Elever un enfant, ce n’est pas une course à la performance»

catégorie: Cyril Jost
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Journaliste et éditeur, Cyril Jost est l’auteur de L’essentiel sur les bébés, paru aux Editions Loisirs et Pédagogie. Interview.

Les bébés peuvent-ils manger épicé? Pourquoi les Américains vaccinent-ils les enfants contre la varicelle? Quelle est la définition scientifique des «coliques»? Ces questions et beaucoup d’autres trouvent leurs réponses dans L’essentiel sur les bébés. Ecrit par le journaliste Cyril Jost et illustré par l’auteur de bande dessinée Pierre Wazem, ce petit livre de 160 pages offre un panorama complet des principaux thèmes auxquels les parents sont confrontés avec un nouveau-né.

L’auteur, lui-même papa de deux filles de 3 et 5 ans, publiera à partir de septembre des chroniques sur votre site communautaire bebe-bebe.com.

Pourquoi ce livre?

Cyril Jost : Quand on devient parent pour la première fois, on est vite submergé par des informations de toute sorte: les conseils de nos proches, les consignes des médecins et des sages-femmes, les articles ou les livres qu’on choisit de lire. Cela peut être assez déstabilisant, car il y a des avis qui se contredisent. J’ai écrit ce livre pour des gens qui, comme moi, aiment avoir rapidement une information bien documentée, sans superflu.

Comment vous êtes-vous documenté, justement?

CJ: Je me suis largement basé sur la littérature existante, avec l’appui en particulier du pédiatre zurichois Remo Largo. Ce dernier est une référence depuis plusieurs décennies dans l’ensemble du monde germanophone et j’ai pu reproduire de nombreux tableaux et graphiques tirés de son ouvrage Babyjahre. J’aime la manière factuelle dont Largo décrit les bébés, sans donner de leçons sur la meilleure façon de faire. Il insiste beaucoup sur la grande diversité des enfants: on peut produire toutes sortes de statistiques, mais chaque bébé évolue à son propre rythme et ne «colle» pas à toutes les moyennes. Elever un enfant, ce n’est pas une course à la performance.



Vous insistez aussi beaucoup sur les différences de pratique entre générations.

CJ: Dans les semaines qui ont suivi la naissance de ma première fille, certaines questions ont surgi, notamment de la part de mes parents. Par exemple «Pourquoi est-ce que tu couches ton bébé sur le dos, alors qu’on nous disait de coucher les nôtres sur le ventre?» J’avais envie d’avoir des réponses argumentées à ce genre de question.

Alors, quelle a été votre réponse?

CJ: Il y a une vingtaine d’années, on a découvert qu’en couchant les enfants sur le dos, on diminuait de manière significative les cas de mort subite du nourrisson (MSN). Il y a une statistique assez spectaculaire qui le démontre: en 1989, il y avait 100 cas de MSN en Suisse; aujourd’hui, on compte en moyenne une dizaine de cas par an.

Y a-t-il des changements générationnels qu’on pourrait qualifier de simples modes?

CJ: Bien sûr: on voit par exemple plus de gens qui portent leur enfant en écharpe qu’il y a vingt ans, et on encourage plus volontiers le multilinguisme chez les petits enfants. Mais en général, les changements importants sont quand même justifiés par des arguments scientifiques solides. Par exemple, en Suisse, les pédiatres ont changé de plan d’alimentation il y a quelques années, et on ne retarde plus l’introduction de certains aliments comme le blanc d’œuf, le gluten ou le poisson. C’est lié à des découvertes récentes, qui démontrent que l’ancienne pratique ne permettait pas de diminuer les cas d’allergies. Aujourd’hui, au contraire, les scientifiques estiment qu’il vaut mieux introduire ces aliments pendant que l’enfant est encore allaité. 

Votre livre mentionne aussi des différences de pratiques entre pays.

CJ: Oui, parce que je pense qu’il est toujours intéressant de voir qu’il y a plusieurs manières d’aborder un même problème. Au Japon, par exemple, on utilise très peu de produits laitiers; l’apport en calcium provient d’aliments comme le soja ou les algues. En Chine, l’apprentissage de la propreté commence souvent avant l’âge d’un an. Cela ne veut pas dire que nous devons imiter ces modèles, bien sûr, mais il est parfois bon de prendre un peu de recul par rapport à nos propres habitudes.

Que faites-vous des recettes de grand-mère? Même si elles ne sont pas toujours prouvées scientifiquement, elles peuvent s’avérer utiles…

CJ: C’est vrai. Il y a plein de remèdes naturels pour faire baisser la fièvre ou apaiser la douleur liée à une dent qui pousse, par exemple. En revanche, il y a aussi un certain nombre de mythes qui circulent et qui n’ont aucun fondement scientifique, comme l’effet prétendument «coupe-lait» de la sauge ou du persil. A moins d’en consommer une quantité astronomique et de rendre le goût du lait intolérable pour le bébé, ces plantes n’auront pas d’effet sur la lactation.

Quel est le principal conseil que vous donneriez à des nouveaux parents?

CJ: Je ne veux donner aucun conseil, parce que je pense que chaque parent doit se frayer son propre chemin. La seule chose indispensable, à mes yeux, c’est de tendre vers une certaine sérénité, en se donnant les moyens de faire les bons choix pour son enfant.

Et comment la trouver, cette sérénité?

CJ: Certaines personnes sont déjà très confiantes ou bien entourées à l’arrivée de leur enfant, et tant mieux pour elles! Mais dans la plupart des cas, je crois qu’on prend confiance en faisant ses propres expériences et en se documentant correctement. Quand on est bien renseigné, on est mieux armé pour faire des choix avisés et les assumer en toute circonstance. Surtout face à celles ou ceux qui pourraient questionner notre manière de faire.

 

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