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«Un bébé dans le dos !» : Quelles conséquences pour l’enfant ?

catégorie: Parents, La vie en famille
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Grâce aux médias, la thématique sur la paternité non désirée est relancée. Pourtant, à l’heure où père supposé et mère avérée s’affrontent via les procédures, qu’en est-il de l’enfant ?
Quel est l’impact psychologique pour ceux qui naissent de l’union d’un couple mais dont la venue au monde n’est pas attendue pour autant par le père ? Il serait temps de s’interroger sur leur devenir, leurs questionnements futurs ainsi que les divers mécanismes psychiques sous-jacents. 


Il était une fois... une mère...

Dans ces cas particuliers, l’enfant naît d’une relation souvent passionnelle où l’amour est maître et rend souvent aveugle. Le couple est stable, communicant mais un seul «détail» perturbe son évolution : un des deux membres refuse catégoriquement d’avoir un enfant. En général, c’est l’homme qui freine pour des raisons lui appartiennent. 

Quant à la femme, son désir d’enfant est grandissant au fil des années, horloge biologique oblige. Or, de nos jours, elles ont la maîtrise des grossesses et peuvent par conséquent tomber enceinte quand bon leur semble ou quand leur désir l’ordonne. 

Cette future mère annonce alors «l’heureux évènement» à son compagnon et la situation devient dramatique : l’homme part laissant derrière lui femme et enfant. Autre cas de figure : la mère garde le secret mais se sépare du géniteur. Dans tous les cas, la mère devient célibataire et élève seule son enfant «mono-désiré».

Le désir de cet enfant est indéniable. L’amour, la protection et le soin seront donc présents. Mais est-ce «suffisant»? Dans ce contexte, la mère tient en effet plusieurs rôles à la fois : mère, père, éducatrice, soignante et aimante à la fois avec un soupçon d’autorité. Elle est la seule à posséder un droit de regard sur l’éducation de l’enfant, son bien-être et son développement. Elle est symboliquement «toute-puissante». Que devient l’image du père pour l’enfant ?

... un «géniteur»

Dans ce cadre, le père se transforme inconsciemment aux yeux de la mère en un simple «géniteur». En tant que personne adulte, la mère possède globalement les capacités psychiques et les ressources nécessaires pour faire face à la critique fréquente de la société. D’où les formules acerbes comme, par exemple : «elle a fait un bébé toute seule», «encore un gosse qui va grandir sans père», «elle lui a fait un bébé dans le dos», «c’est égoïste »

Mais pour l’enfant, que se passe-t-il ? Jusqu’à ses 3 ans, il n’aura généralement que son cercle familial comme référent donc pas d’autres sources de comparaison. Mais une fois scolarisé, les questions surgissent souvent de la bouche des autres enfants : «il est où ton papa?»«il s’appelle comment ton papa?»«mon papa, c’est le plus fort! Toi tu n’en as même pas!». Il ne faut pas croire que le monde enfantin est doux et bienveillant. Au contraire, les enfants entre eux ne se font aucun cadeau ! C’est un monde sans détour, ni précaution verbale ! D’où des impacts psychologiques possibles pour l’enfant sans père.

... et surtout un enfant !

Un enfant en développement a besoin de relations avec ses deux parents, sa mère et son père. Il existe des phénomènes spécifiques d’identification. Selon son sexe, chaque enfant choisira son support de projection, son père ou sa mère. Dans le cadre d’un enfant non reconnu par son père, la mère ne lui donne pas ce choix. Il doit donc s’identifier à sa mère.

Lorsque le garçon abordera la phase œdipienne, il n’aura pas de frustration, ni d’ «envie symbolique de meurtre» du père puisque ce dernier n’existe pas dans son vécu. En revanche, il ne disposera pas de figure masculine pour se structurer en tant qu’homme et peut à cet égard, rencontrer des difficultés psychologiques.
 
Pour une fille, ses pulsions d’amour «incestueux» (au sens psychanalytique du terme) ne pourront pas se projeter sur son père. Elle devra donc choisir un autre support qui sera «forcément moins bien» qu’un père présent. Plus tard, ses relations avec les hommes risquent d’être dommageables et complexes à cause précisément de cette absence paternelle. 

La construction de l’image de soi est particulièrement difficile au cours de l’enfance. A partir de 6 ans, elle a même tendance à se complexifier. L’enfant comprend alors clairement qu’il est issu d’une union dans laquelle il n’était pas désiré par le père. Même avec tout l’amour qu’il reçoit de sa mère, une faille restera toujours : celle de l’amour paternel qui fait défaut.

Autre aspect non-négligeable : l’enfant peut être vécu comme «un souvenir» du père. Autrement dit, il n’est pas considéré par la mère comme un enfant à proprement parler mais comme celui qui comble ses désirs de maternité et qui concrétise l’absence de son compagnon.

Recherche un père désespérément

Lorsque cet enfant devient adolescent puis adulte, la compréhension de la situation est encore plus vive. Avec à la clé, des risques de jugements envers la mère plus prononcés d’autant plus que tout individu a besoin de connaître ses origines. L’enfant issu de cette union va forcément chercher à mettre un visage sur son géniteur, son père. Il se lance alors dans une recherche désespérée, en quête d’identité. Or privé d’une partie de ses origines, un individu ne peut pas se construire de manière équilibrée. Il est presque comme un arbre sans ses racines et il ne peut pas grandir pleinement. 

Parfois, cet enfant atteint son objectif et parvient à sonner à la porte de ce père biologique des années plus tard. Deux scénarios sont alors possibles : le père accepte son enfant ou il le rejette totalement. Dans ce dernier cas, la faille narcissique de l’enfant s’agrandit. Il a été rejeté une première fois lors de sa conception et lors de sa petite enfance. Il l’est à nouveau à l’âge adulte. Avec un tribut psychologique souvent lourd à porter.

Mais même dans le cas où le père accepte cet enfant qui a grandi sans lui, les relations peuvent également ne pas être évidentes sur le long terme. Ce père et cet enfant ont en effet vécu en parallèle. Chacun s’est forgé une vie. Mais à aucun moment, le père n’a eu le droit d’exercer son autorité ou de donner son avis sur l’éducation. 

A ce titre, ils sont deux parfaits étrangers. Ce n’est pas parce que deux êtres ont un lien de sang qu’ils ont automatiquement un lien affectif. Sans un tronc commun de souvenirs, il est très difficile de nouer des liens sur des bases aussi précaires fondées sur un rejet initial.

Les mères qui choisissent d’enfanter seules et sans le consentement explicite de leur compagnon exposent donc leur enfant à de sérieux préjudices psychologiques. Au sein d’un couple, il serait plus sain pour l’équilibre de chacun d’écouter les désirs de l’autre et surtout de les accepter quels qu’ils soient. Cette écoute est trop importante pour passer à côté d’un enjeu fondamental : la vie et l’équilibre psychique d’un enfant et son devenir. 
 

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